Atlas Electronic presents: The Master Musicians of Joujouka, le 30 Juin 2018 @ Villa Janna, Marrakech

Dans un petit village nommé Jajouka, Bachir Attar et ses musiciens ont repris le flambeau de cette musique basée sur des modulations répétitives et lancinantes menant à la transe. Depuis les années 50, de très nombreux artistes occidentaux se sont intéressés à Jajouka, permettant de donner à ce village une notoriété dépassant largement les frontières marocaines. Paul Bowles, Brian Jones, les Rolling Stones, Patti Smith, John Zorn, pour ne citer qu’eux, ont tous été fascinés par ces musiciens et leurs interminables cérémonies rituelles. C’est à ce moment que ce «groupe de rock de 4000 ans d’âge», tel que le qualifiait William Burroughs, a commencé à montrer son art dans le monde entier.

Sans doute Burroughs exagéra-t-il quelque peu. Mais l’histoire des musiciens de Jajouka est vieille comme le village, articulé autour du sanctuaire de Sidi Ahmed Sheikh qui arriva de Perse en 1300 pour propager l’Islam dans le nord marocain. Des pèlerins affluaient de tout le pays pour bénéficier de ses dons de guérisseur. Les cérémonies étaient rythmées par une musique formalisée dans les palais d’Andalousie par la famille Attar, fondatrice de Jajouka après avoir été expulsée d’Espagne. Une musique hypnotique, interprétée au moyen de percussions, de flûtes de bambou et de ghaïtas (le hautbois arabe) que les villageois perpétueront, en exerçant les pouvoirs thérapeutiques légués par Sidi Ahmed Sheikh.

Cette tradition millénaire aurait pu ne jamais quitter les montagnes du Rif si la Beat Generation, curieuse d’expériences psychédéliques, n’avait découvert son existence dans les vapeurs de kif. En 1968, Brion Gysin, qui avait ouvert un restaurant à Tanger où les musiciens de Jajouka se produisaient tous les soirs, conduisit jusqu’au village Brian Jones, encore guitariste des Rolling Stones. Lequel enregistra sept heures de bandes sur place, matière en 1971 de son album posthume Brian Jones presents : the Pipes of Pan at Jajouka.

Cette année marque le 50e anniversaire de ce moment épique de collaboration interculturelle. Pour célébrer cet anniversaire emblématique et rendre hommage aux sons antiques du Maroc, l’équipe du « Atlas Electronic » a l’honneur de présenter Master Musicians of Joujouka sur le site du festival, Villa Janna, pour un concert exclusif de 4 heures dans l’impressionnant amphithéâtre.

L’album de Brian Jones fit de Jajouka une destination mythique pour les musiciens de l’époque. Le jazzman Ornette Coleman s’y rendit en 1973 pour capter des parties de son album Dancing in Your Head. On raconte que Jimi Hendrix, Ravi Shankar et Jimmy Page firent le déplacement. En 1989, les Rolling Stones enregistrèrent avec les Jajouka, dans un palais de Tanger, Continental Drift, un titre de l’album Steel Wheels. Même Lee Ranaldo (Sonic Youth) est aussi allé se frotter, en 1995, à ces rythmes transcendantaux. Peut-être parce que les Marocains font écho au blues et au rock, en combinant des rythmes violents et des sonorités psychédéliques, de manière à produire une matière à la fois oppressante et apaisante. Le musicien et réalisateur Marc Hurtado, auquel la Cinémathèque consacre actuellement une rétrospective, leur a aussi dédié – avec son frère Eric – un documentaire (Jajouka, quelque chose de bon vient vers toi) en 2012, en plus d’avoir produit l’album The Source des Jajouka la même année.

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